Cet article nous explique le travail des chiens des équipes cynotechniques de la Haute Savoie dans la recherche des corps de personnes noyées même en grande profondeur. Le chien bien supérieur à l’homme et à la machine pour faire ce travail.
Les chiens sont capables de détecter les molécules odorantes des noyés qui remontent à la surface pour ainsi marquer des zones de recherche
Les équipes canines des pompiers, dites cynotechniques, permettent de détecter les remontées de molécules odorantes à la surface de l’eau lors de la recherche de noyés.
Avec de grands lacs comme le Léman (310 mètres de profondeur) et celui d’Annecy (82 mètres), la Haute Savoie est un département propice aux noyades. Les fortes chaleurs et l’affluence élevée sur les eaux multiplient les risques en été, et les recherches sont complexes. Pour gagner en efficacité et en temps dans la recherche des noyés, les secours font appel au meilleur ami de l’homme.
Depuis environ 10 ans, des équipes cynotechniques (chiens) collaborent avec les plongeurs, les sauveteurs de surface, les sonars et désormais les drones. Elles étaient présentes sur l’opération au lac d’Annecy le 7 juillet. « Dans le cadre cyno, nous avons plusieurs cordes à notre arc, commente le lieutenant Christophe Mogeon, conseiller technique du groupe cynotechnique du service départemental d’incendie et de secours (Sdis 74). Parmi celles-ci il y a la recherche de personnes ensevelies. Et l’eau est considérée comme un élément comme un autre.
Si la capacité de nos amis à quatre pattes à tracer des odeurs sur la terre ferme est bien connue, celle sur l’eau l’est moins. « Nos chiens recherchent des molécules odorantes, expose le lieutenant. Dans l’eau, la nécrose (transformation d’ordre physico-chimique que subit la matière vivante et qui aboutit à sa mort) se fait plus tardivement qu’à l’air libre. Le corps humain continue à émettre des molécules odorantes plus longtemps ».
Ces particules s’amassent et forment à la surface une même « tache d’huile », un « agglomérat de molécules odorantes lourdes et de corps gras » invisible pour l’humain, pour un seul corps. Le canidé s’excite et signale à son maître la zone à explorer. Par principe les odeurs remontent verticalement et tout droit. Mais les courants, la température de l’eau et la houle impactent cette remontée.
« On réalise une analyse de la zone pour comprendre où se trouve le corps, poursuit Christophe Mogeon. Notre but c’est de faire gagner du temps et de la sécurité aux plongeurs. On ne peut pas se permettre de les laisser sous l’eau trop longtemps ». L’équipe cynotechnique complète ainsi une véritable « synergie entre différents spécialistes, enrichit le capitaine Alexandre Vautey, conseiller technique du groupe aquatique du Sdis 74.
Les pompiers disposent de 12 équipes cynotechniques sur le département : 12 maîtres et 12 chiens. Pour ces équipes, les secours font appel à des bergers Malinois, des bergers Allemand, et des border collie. « On cherche des chiens joueurs qui ont l’esprit de prédation assez développé » ajoute Christophe Mogeon. « On recherche des chiens capables d’aller sur des embarcations, d’avoir de la stabilité en toute météo et qui ont des capacités de nage ».
Les entraînements consistent en de « l’accoutumance et de la répétition de mise en œuvre. Ce n’est jamais anodin de transporter un chien sur un zodiac ou dans un hélicoptère ». Et ces exercices servent même de terrain à des expériences. Différents types de fonds marins sont abordés (herbeux, sableux..). « On sait comment fonctionnent les « taches d’huile », mais on ne maitrise pas tout ce qui se passe sous l’eau, notamment comment l’environnement impacte la remontée des molécules odorantes ».