Cette publication sera diffusée en deux parties, l’apparition des métiers liés au comportement de l’animal de compagnie, l’enseignement de ces métiers.
1 – La naissance des métiers de l’accompagnement de l’animal de compagnie
Pour rester dans le cadre de notre pratique, nous n’aborderons ici le sujet de l’acquisition des compétences que dans le domaine d’activité qui est le nôtre : le chien et le chat dans leur version « animal de compagnie » et les acquisitions de compétences proposées par les formation comportementaliste canin, formation comportementaliste félin, formation coach canin et formation éducateur canin.
L’homme depuis longtemps vit avec ces deux espèces : peut-être vingt mille ans pour le chien – nous y reviendrons dans d’autres publications – et peut-être dix mille ans pour le chat.
La domestication de ces animaux est liée à leur complémentarité facilitant la vie, voire la survie, de notre espèce : le chien, de par sa différence de perception sensorielle, augmentant les capacités de l’homme ; le chat, par l’aide apportée dans la protection des récoltes engrangées en s’attaquant aux nuisibles. C’est une période où l’animal de compagnie évolue dans le prolongement des besoins sécuritaires d’acquisition et de conservation des ressources basiques de notre espèce : nourriture, protection de l’espace d’activité et de vie.
L’évolution récente des sociétés humaines vers une centralisation urbaine massive marque une rupture brutale, en moins d’un siècle, dans la collaboration complémentaire de ces espèces. D’animaux additionnels et collaboratifs, notre chien et notre chat sont désormais devenus animaux de compagnie, au détriment des besoins propres de leur espèce, de leurs besoins éthologiques. En clair, la ville n’est pas un environnement naturel pour un chien ou un chat. Pour le premier, les contraintes de survie sont réduites à la soumission aux désirs de l’homme ; pour l’autre, le choix de s’installer sur un territoire lui appartenant diminue son espérance de vie, étant donné le risque important d’accidents graves ou mortels liés directement à l’activité humaine.
L’humain a cru pouvoir transporter ces animaux dans un milieu où ils ne peuvent exprimer leurs besoins vitaux, la ville étant un milieu hostile majeur pour le chien, relatif pour le chat. Et pourtant, plus du tiers de notre espèce reste très attaché à cette aspiration de convivance, héritage direct de nos anciens. La vie citadine est dès lors imposée à nos animaux de compagnie, et non pas acceptée par eux. Il ne leur reste que trois options :
- L’indifférence au milieu de vie.
- La volonté de changer de milieu.
- La production de troubles comportementaux.
Les comportements inadaptés des chiens et des chats perturbent leurs détenteurs. Au mieux ils incommodent, au pire ils exaspèrent. C’est donc pour répondre au besoin de stabiliser ces comportements erratiques que naît le souhait d’avoir une aide efficace régulative. Depuis les années 1950, le chien citadin est soumis aux attentes d’obéissance strictes de ses maîtres : privation de capacité initiatrice, comportements jugés incompatibles avec la socialité imposée et sanctionnés soit par la mise en situation d’impossibilité de les produire, soit par la punition physiologique ou mentale. Ce concept est très éloigné de la complémentarité initiale de la domestication.
Le chien citadin n’est plus destiné à convivre avec l’homme, il est condamné à lui obéir. Le chat citadin vivant en appartement n’a d’autre choix que d’abandonner plusieurs parts essentielles de son registre comportemental : l’exploration, la reproduction…
Dans le cadre de la ville, il est impossible de proposer à nos animaux de compagnie un mode de vie se rapprochant de l’époque de leur domestication ; le commensalisme, soit l’intérêt à vivre ensemble pour s’arroger réciproquement une meilleure sécurité et un meilleur confort, a disparu.
De cette impasse naît dans les années 1950 l’activité puis la formation éducateur canin, orientée vers la stricte obéissance. Obéir ne résolvant pas les comportements animaliers incompatibles avec la vie citadine apparait dans les années 1990 la formation comportementaliste canin conduisant au métier correspondant.
Je ne développerai pas ici la question de la complémentarité éducateur-comportementaliste-vétérinaire, version la plus sophistiquée pour s’attaquer aux problèmes complexes des troubles comportementaux de l’animal.
Dans notre prochain article nous aborderons les modèles de formation à ces métiers, leur intérêt, leurs manques, leur efficience.
Fin de l’article dans notre prochaine édition.
Jean-Claude ARNAUD
Directeur ACCEFE