2 – Comment devenir un spécialiste de l’accompagnement de l’animal de compagnie
Les actions qui nous concernent à l’ACCEFE : formation coach canin, formation comportementaliste canin, formation éducateur canin, formation comportementaliste félin, ACACED. Certaines de ces formations se déroulent de manière mixte, e-learning et présentiel.
Les formations de comportementaliste, quelles qu’elles soient, diffèrent et souvent s’opposent sur deux orientations, l’acquisition de connaissances et l’acquisition de compétences. Or ces deux voies ne sont pas concurrentes mais complémentaires. La compétence s’acquiert par la répétition des expériences positives mais aussi inévitablement des échecs. La connaissance peut s’acquérir de diverses manières, livresque, visuelle, abstraite, verbale ; son intérêt est d’aider à une acquisition des compétences par la proposition littérale ou théorique d’issues favorables facilitant l’apprentissage. Elle limite l’apprentissage par erreur en expliquant ce qui conduit à la réussite ou à l’échec.
En ce sens l’e-learning, que nous retrouvons même en proposant des démonstrations en vidéo, se limite à l’acquisition de connaissances, il ne permet que l’appropriation limitée des compétences. Par contre, il oriente vers la réussite, en orientant vers un processus d’apprentissage par action positive.
Pour être clair, illustrons cela dans un domaine qui n’est pas le nôtre, l’équitation. Apprendre à monter à cheval peut-il se faire uniquement en lisant des textes de recommandation sur écran, et en regardant des films didactiques ? Peut-être, après de nombreux essais ratés, et pour autant qu’on ne se soit pas blessé, arrivera-t-on à monter de manière médiocre. Dans ce cas de figure, avons-nous acquis des connaissances ? Bien sûr. Avons-nous acquis des compétences que nous pourrions transmettre à des collègues ? Évidemment non.
C’est d’ailleurs un des travers du système de formation distancielle aujourd’hui. Ignorant dans un domaine, je vais suivre sur ordinateur une formation courte, formatée, sans personnalisation, auprès d’un spécialiste plus ou moins reconnu. J’en ressors certifié, j’ai appris éventuellement quelques « tours de main ». Ai-je acquis des compétences ? Certainement pas, car pour le prétendre il me faudrait conforter mes acquis en recourant à une pratique de terrain suffisamment importante. Je ne suis pour le moment qu’un « répétiteur ».
On est loin ici de la compétence assise sur l’expérience réussie et répétée, qui permet de s’affirmer spécialiste et ouvre la porte à l’enseignement à des tiers en vue de les faire profiter de notre expérience pour leur propre acquisition de connaissances, ainsi que pour la future pratique d’un métier.
C’est l’éternel débat de l’opposition entre l’éducation professionnelle proposée par exemple par l’éducation nationale et celle que les professionnels du métier peuvent présenter, surtout s’ils interviennent dans la pratique du métier.
La première, lorsqu’elle intervient dans des collèges stables, offre des acquisitions de connaissances ; la seconde s’attache à proposer aux apprenants les expériences du métier, s’appuyant sur la pratique, avec parfois des raccourcis qui n’abordent pas suffisamment le domaine des connaissances. Dans l’enseignement public, on retrouve ce besoin de complémentarité entre acquisitions de connaissances et de compétences dans le domaine de la santé humaine ou animalière : les apprenants médecins passant par le statut d’interne hospitalier durant leur parcours de formation, les élèves vétérinaires participant aux consultations internes de leur école et suivant de nombreux stages pratiques en externe dans le milieu professionnel. Dans bien d’autres domaines de l’enseignement, les contacts avec la réalité de pratique du métier envisagé restent anecdotiques dans leur intensité et leur contenu. L’enseignement y est le plus souvent magistral, abondant dans le domaine des connaissances mais déficient dans le domaine des compétences. Ce qui est certain, c’est qu’exercer dans le vivant ne laisse pas la place à l’échec, les compétences de terrain l’emportent largement sur les connaissances livresques ou informatiques.
Revenons à l’e-learning. On peut différencier les sujets de l’enseignement entre ceux abordant le domaine purement scientifique, la méthodologie à distance pouvant assez facilement être présentée en distanciel, et ceux abordant le vivant, qu’il soit humain ou animalier, où le contact est primordial.
Les connaissances scientifiques sont réputées stables, peu évolutives sur le temps court et donc peuvent s’enseigner au travers d’ouvrages, de téléchargements, de visuels, de séquences filmées accompagnées par des propositions pédagogiques plus ou moins adaptées. Bien sûr elles sont régulièrement enrichies et parfois partiellement remises en causes par de nouvelles découvertes. La transmission de ces connaissances se heurte cependant à un écueil de taille : la capacité d’apprentissage cognitif de l’apprenant et sa disponibilité de concentration étalée dans le temps.
Ainsi, dans cette pratique, on constate souvent un taux de renoncement significatif lorsque l’enseignement s’étale sur une longue période et concerne un ensemble de sujets divers mais complémentaires. Ceci est typique de l’enseignement professionnel virtuel.
Un des avantages toutefois de l’enseignement à distance, au chaud, bien installé devant un écran, la tasse de café à portée de la main, est qu’il peut apporter un volume de connaissances important à ceux qui ne se destinent pas à une utilisation professionnelle de leurs acquis. Pour autant qu’ils aient, comme déjà dit, la capacité de concentration et la disponibilité nécessaires.
La conclusion de ce propos est simple. Une formation courte d’une à deux journées en e-learning est intéressante et peut, si les supports sont sérieux et structurés, enrichir les connaissances de l’apprenant.
Si en revanche on recherche l’acquisition de compétences permettant d’exercer rapidement un métier, ce mode d’enseignement est carrément insuffisant voire hasardeux car il condamne l’apprenant à acquérir ses compétences exclusivement par des expériences successives conduisant souvent à l’apprentissage par erreur, lequel est désastreux dans le domaine du vivant.
Les domaines explorés pour harmoniser la relation de l’animal de compagnie et de son détenteur, et réciproquement, sont complexes puisqu’ils nécessitent la maîtrise de savoirs (connaissances) variés et s’interdisent les approches par expérimentation sur le vivant dans l’acquisition des compétences. Ceci confirme que le professionnel acquiert son métier bien sûr par l’acquisition de connaissances mais aussi par l’acquisition de compétences pratiques issues de la transmission par des pairs expérimentés.
Les domaines de compétences dans les métiers du comportement animalier – mais ne devrions nous pas le plus souvent dire dans le comportement de l’homme face à l’animal de compagnie – sont au nombre de trois :
- Connaissance du statut de l’animal, de son espèce, des besoins propres à son espèce, compréhension de sa personnalité, ou plutôt de son animalité. (Éthologie, coexistence significative).
- Connaissance des interactions et motivations humaines : chaque cohabitant d’un animal de compagnie a sa propre personnalité, ses propres motivations, ses propres disponibilités, ce qui fait que chaque dyade a sa propre spécificité et, lors de la rencontre de difficultés, aura besoin d’une aide d’approche personnalisée.
- Compréhension des milieux de vie concernés : malgré la bonne volonté de l’animal et de son référent, les propositions qui seront faites se doivent d’être réalisables ; elles dépendent le plus souvent de la structure et de l’aménagement du milieu de vie ainsi que de la disponibilité et de la motivation des acteurs.
Ce qui se passe actuellement dans l’enseignement professionnel concernant ces trois domaines est essentiellement la présentation de raccourcis : mettre dans des cases générales des recettes correspondant à des observations sommaires et proposant des actions liées à des symptômes rapidement énumérés. On retrouve là les différents ingrédients qui permettent de se débarrasser de la question posée et selon sa propre spécialité, on affirme : « Cet animal est dominant, ses besoins éthologiques ne sont pas respectés, il est HsHa ». Il en découle des actions bien souvent totalement inadaptées : éducation en punition positive, propositions complètement irréalisables de modification du milieu de vie et des interactions, médicalisation ne s’intéressant qu’à la production des symptômes. Ces raccourcis mènent souvent à des échecs incompréhensibles pour les acteurs ou ignorés par les conseilleurs (coachs), voire aggravent la situation.
La compétence, répétons-le, ne peut s’acquérir que par la pratique s’appuyant sur la connaissance. Elle s’attache à rechercher les causes plutôt qu’à combattre les effets. L’acquisition la plus rapide se fait avec l’aide d’un ou plusieurs professionnels reconnus du métier.
Ainsi les métiers du vivant se doivent obligatoirement de mixer l’acquisition des compétences et des connaissances. Le distanciel sec lorsqu’il n’est constitué que d’une simple initiation n’apporte que des connaissances, peu ou pas de compétences.
La vulgarisation de l’intelligence artificielle rend encore plus complexe l’acquisition des connaissances puisqu’il suffit maintenant de la questionner pour connaître, et non pas pour savoir. En effet, là encore, il n’est pas pensable d’intervenir dans le vivant en demandant à une machine de bien vouloir nous donner des suggestions face à une situation complexe et variable dépendant à la fois de la personne, de l’animal et du milieu de vie que l’on cherche à assister. Elle ne peut nous apporter, tout du moins aujourd’hui, que des réponses passe-partout à caractère général, parfois transposables, mais dans tous les cas dépersonnalisés. Enfin, il reste encore la question de l’accès à l’énergie. En abandonnant nos connaissances à la machine, que deviennent-elles lorsqu’il n’est plus possible de se raccorder à un réseau informatique ? Que vais-je faire lorsque mon chien se blesse ou fait face à un sanglier au milieu de la forêt alors que mon téléphone est déchargé ou que le réseau ne répond plus ? Bien entendu, l’intelligence artificielle nécessite un autre débat à caractère civilisationnel et sociétal qui n’est pas notre sujet de réflexion de ce jour.
La complémentarité entre compétences et connaissances est la démarche adoptée à l’ACCEFE. L’e-learning en place dans les formation comportementaliste canin et formation comportementaliste félin est accompagné par le tutorat d’un professionnel reconnu, à disposition de l’apprenant. La pratique est, elle, obligatoire ; de manière complémentaire dans les formations précitées pour que l’apprenant puisse être mis en situation de manière virtuelle (jeux de rôle) et concrète (pratique de terrain de manière à initier l’acquisition des compétences). Elle est intégrale dans la formation éducateur canin.
Dans nos formations ACCEFE, les certifications s’appuient sur la vérification de l’acquisition des bases indispensables à la pratique du métier en termes de connaissances et de compétences. Cependant ces valeurs sont en évolution permanente, aussi l’ACCEFE offre-t-elle à ses apprenants la possibilité de suivre l’évolution des connaissances du métier et de participer à l’échange des expériences significatives de tous les anciens apprenants.
Jean-Claude ARNAUD
Directeur ACCEFE