L’animal de compagnie se définit par l’animal qui intègre la cellule de vie humaine et participe à son quotidien en apportant un certain équilibre social plus ou moins important en fonction de son espèce. Aujourd’hui sont considérés dans cette classification non seulement les chiens et les chats mais aussi les NAC (nouveaux animaux de compagnie) intégrant comme les premiers des petits mammifères mais aussi d’autres espèces principalement des rongeurs, des oiseaux, des reptiles, des poissons, des batraciens …
On a souvent l’habitude de séparer ces animaux qui nous accompagnent en deux familles, l’animal de compagnie, l’animal de travail.
L’ACCEFE est aujourd’hui prioritairement orientée vers les animaux de compagnie, chien et chats.
La première question à se poser : ces deux destinations sont-elles incompatibles ? Un chien de travail peut-il être aussi un animal de compagnie ?
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Il convient tout d’abord de comprendre que le chien de travail est depuis toujours présent au côté de l’homme depuis le départ de la domestication du loup. Aujourd’hui le monde scientifique, s’appuyant sur les analyses de l’ADN mitochondrial, celui hérité invariablement de la génitrice et de génération en génération, concorde à constater que le chien est certainement un descendant du loup. Bien sûr les études divergent lorsqu’il faut définir l’époque et le lieu de cette domestication. Nous retenons ici ce que nous expliquent de nombreux spécialistes, plusieurs loups gris auraient basculé vers le chien dans un espace de temps très réduit et ceci il y a environ 15 000 à 20 000 ans. Plusieurs hypothèses sont possibles pour expliquer cette évolution, une des plus vraisemblables est probablement l’adoption par l’homme de jeunes loups gris orphelins. Cette hypothèse est intéressante car on retrouve de nos jours des pratiques d’allaitement de jeunes animaux domestiques ou sauvages par une femme dans de nombreux pays.



Pour le louveteau apprendre à vivre dans un groupe humain est assez facile, son parcours normal étant de devenir membre d’un groupe social auquel il apportera sa collaboration. Dans la meute de loup chaque individu a un rôle à remplir, s’il ne peut ou ne veut pas le faire il doit quitter la quitter ou disparaître. Ainsi ces louveteaux retrouvent dans le groupe social humain la possibilité de satisfaire ce besoin de participation à l’acquisition des ressources nécessaires à la survie. C’est ce qui reste du loup à nos chiens d’aujourd’hui, la socialité celle-ci passant du mode intraspécifique dans la meute au mode hétérospécifique dans le groupe homme/chien. C’est d’ailleurs à peu près la seule chose en dehors de la génétique qui reste commune aux chiens et aux loups ; nos chiens sont des êtres sociaux, ils ne sont pas ou plus des loups.
Si le loup/chien trouve avantage à convivre avec l’homme, nourriture moins aléatoire, la réciproque est rapidement installée pour le chasseur/cueilleur ; garde des campements, ressource alimentaire, pistage du gibier, défense agressive, attelage ..
Il est aussi probable que ce loup/chien ait eu inconsciemment un rôle sanitaire inattendu en consommant les déjections humaines et les viandes avariées. Ainsi le microbiote du loup/chien va s’écarter de celui du loup pour se rapprocher de celui de l’homme.
Rapidement ce nouveau chien va devenir chien de travail, des tâches répétitives lui seront confiées, pour certaines autres il les découvrira et les proposera à la communauté.
La sédentarisation du chasseur/cueilleur il y a environ 8 000 ans va renforcer cette collaboration avec l’apparition de nouveaux modes de vie, la chasse, la guerre, l’élevage dans tous ces domaines l’homme va spécialiser le chien, ce dernier devenant « chien de travail ». Mais pas que ..
Lors de fouilles des tombes en divers points de la planète on trouve de nos ancêtres inhumés en compagnie de leurs chien, ce dernier portant des ornements similaires à ceux de leur « référent ». Ceci nous montre bien que la discrimination « chien de travail » – « chien de compagnie » n’est pas une nécessité et n’était pas une réalité. Nos ancêtres utilisaient le chien mais « leur chien » était respecté, il était à la fois chien de travail et de compagnie. Ce chien était considéré comme un être vivant faisant partie de du groupe de vie, c’était bien une relation de commensalité, besoin réciproque de collaboration afin de survivre et assurer la continuité de chaque espèce. Il était bien à la fois chien de travail et chien de compagnie.
La réflexion va encore bien au-delà puisqu’on retrouve dans les pratiques animistes de nos ancêtres l’inhumation du chien identique à celle de l’homme et parfois même conjointe. Le chien d’accompagnement du groupe de vie était considéré comme son partenaire et continuait à le suivre au-delà de la mort.
Parfois je me pose la question, à laquelle je n’aurai bien sûr jamais de réponse, Néandertal était physiquement et physiologiquement bien supérieur à notre ancêtre direct Homo Sapiens et pourtant il va disparaître il y a plus de 30 000 ans alors que Sapiens va se développer. A ce jour on n’a pas pu démontrer que Néandertal vivait avec des chiens. Et si l’espèce humaine de la préhistoire devait 30 000 ans de vie à la coexistence avec le chien et non pas à son utilisation exclusive ?
Bien sûr plus tard d’autres espèces viendront assister l’homme pour sa survie et son développement, le cheval, les bovins, mais on ne retrouvera que bien plus tard et à niveau réservé à l’élite des formes de cohabitations similaires souvent guerrières, par exemple les chefs Mongols inhumés avec leurs chevaux.
Et le chat dans tout ça ? Il apparait en version domestiquée au moment de la sédentarisation de l’homme. A l’inverse du chien il n’aura pas un rôle social important mais développera une faible collaboration directe. L’homme passant de chasseur/cueilleur à chasseur/agriculteur va favoriser son développement au moment de la sédentarisation ; il sera respecté grâce à ses compétences à réguler les nuisibles attaquant les récoltes. A sa manière il collabore à la survie de l’espèce humaine ; on le constate au moment des grandes épidémies moyenâgeuses de peste dont la propagation est assurée par la prolifération des rats laquelle n’est plus contrôlée car le chat est dans cette période considéré par l’église comme un représentant de Satan et donc persécuté.
La catégorisation en animal de compagnie ou animal de travail se renforce à la fin du XIXème siècle avec l’apparition des concours de beauté. Pour une partie d’entre eux il n’est plus demandé d’être performant mais d’être beau. Le critère de beauté induit le critère de différence lequel génère la multiplication des races indépendamment de leur destination. A partir de là et pour un nombre de plus en plus grand de sujets il convient de plaire ou d’être différent au détriment du besoin de complémentarité. L’animal de compagnie collaborative devient animal objet et la loi suit le mouvement.
La question reste bien, l’animal et plus précisément le chien de travail peut-il être en même temps animal de compagnie. Ma réponse est largement positive contrairement à ce qui se pratique encore souvent dans les métiers du chien, à savoir incarcération durant les temps d’inactivité, travail spécialisé sous contrainte collaborative dès la sortie du box.
Je reste persuadé que le travail demandé à l’animal, au chien au particulier, doit être enseigné de manière à ce qu’il assimile sa tâche à une action nécessaire à son groupe de vie, c’est-à-dire une forme de participation à la vie de son référent. Bien entendu il y a une contrepartie douloureuse à ce choix, c’est la fin de la performance du compagnon, et bien sûr le chien vivant avec son référent restera avec lui jusqu’à sa fin, alors que le chien exclusivement de travail n’arrivant plus à assumer sa tâche sera souvent abandonné ou euthanasié car devenu inutile. De ce point de vue le chat, moins investi dans l’activité humaine est davantage épargné que le chien face à son vieillissement.
Jean-Claude ARNAUD
Directeur ACCEFE Formations